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Par arrêt du Conseil du Roi et lettres patentes du 30 septembre 1770, enregistrées en 1771, la concession du canal fut transférée à Guillaume Zacharie, fils de François, et la durée de la concession portée à soixante ans à partir de 1772.Un tarif plus élevé fut accordé: 1 sol, au lieu de 9 deniers par quintal et par lieue (Palluat, p. 14). Un échevin de Lyon, Moulong, commanditaire de François Zacharie, était intervenu auprès de Parent, premier commis de l'intendant Bertin, pour favoriser Guillaume Zacharie, Bertin ayant d'ailleurs toujours été favorable au projet du canal Guillaume voulut témoigner sa reconnaissance d'une façon effective. Il offrit à Parent, en l'assurant de sa discrétion, une part d'intérêt dans les actions qui lui étaient réservées, part qui serait attribuée à Mme Parent ou à l'un de ses fils. Il n'est pas probable que l'offre ait été refusée.
Il faut dire que Guillaume constituait une nouvelle Compagnie. Elle fut formée le 31 décembre 1772. Le capital se composait de soixante-douze actions de 15 000 livres dont dix actions remises aux anciens bailleurs de fonds, vingt à Zacharie, deux aux ingénieurs, quarante aux souscripteurs. Ceux-ci versèrent donc 600.000 livres. M. Palluat a publié les noms de certains souscripteurs. Je n'y vois guère qu'un Forézien, sans doute Stéphanois: Pélissier et, en 1781, quand la Société fut agrandie, un autre Forézien: Jordan de Sury. L'architecte Soufflot et le sculpteur Coustou étaient déjà commanditaires de François Zacharie.
La Compagnie nomma trois syndics, ou, si l'on préfère, trois administrateurs. Cailhava, nommé en 1780 directeur du canal, fut le secrétaire de ce Conseil d'administration.
Les constructions du premier Zacharie étaient si vicieuses et si faibles qu'il fut indispensable de les recommencer. Le canal, lit-on dans une requête au Roi de 1776, coûtera, au lieu de 600.000 livres, plus de 1.800.000, sans compter ce que feu Zacharie avait payé...; les ouvrages à refaire, estimés 64.000 livres, ont coûté 250.000; les terrains, évalués à 18.800 livres, coûtent 70.000; la main-d'uvre a presque doublé, une crue du Gier a causé des dommages considérables.
Le 22 avril 1771. Compagnie n'avait plus de fonds en caisse et elle avait à payer huit cents ouvriers, Les actionnaires, invités à doubler leur mise, ne répondaient pas. Quelques-uns vendaient leurs actions à perte, d'autres ne trouvaient pas d'acquéreurs. Consulté par le contrôleur général Necker, l'intendant Flesselles voulut visiter les travaux et se montra très satisfait.On avait réparé depuis un an les « âneries » des ingénieurs, de Marie, Lallié, Vimar, et du syndic Delorme, dont la Compagnie s'était débarrassé. Vimar et Lallié ne pardonnèrent point à la Compagnie. Vimar devint ingénieur en chef du département de la Loire sous le premier Empire.
Le tarif fut doublé (2 sous par lieux et par quintal de marchandises; 1 sou 6 deniers pour celles voiturées sur bateaux étrangers) par lettres-patentes du 22 août 1779, enregistrées le 15 décembre suivant ; la concession fut portée à quatre-vingt-dix-neuf ans et la Compagnie exemptée de l'impôt des tailles. Les actionnaires rouvrirent leur bourse On dépensa encore 520.000 livres. Mais, en mai 1780, le canal atteignait Rive Gier. Il avait coûté, intérêts et capital, 3.246.000 francs.
La Compagnie se substitua complètement à Zacharie, à peu près ruiné, qui reçût cinq actions pour prix de son désistement et retourna au commerce paternel de l'horlogerie.
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